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L’exposition au Musée des Confluences de Lyon invite à découvrir l’Amazonie brésilienne d’aujourd’hui, à travers le regard des habitants de trois villages, ainsi que l’enjeu de leur existence sur leur territoire et dans le monde contemporain. Leur parole témoigne de leurs savoir-faire, de leurs traditions, mais aussi de leur mobilisation et de leur lutte pour le maintien de leur identité.


Si l’Amazonie a été longtemps perçue comme une « forêt vierge », impénétrable et inhospitalière, elle a, en réalité, été habitée précocement et sa configuration actuelle est le résultat de multiples interactions avec les humains. Ce lien ancestral des habitants avec la forêt est central pour appréhender la pluralité et la complexité des sociétés amazoniennes d’aujourd’hui qui vivent sur un territoire aussi vaste que varié, se déployant sur neuf pays frontaliers. Les recherches en archéologie et en écologie historique révèlent de plus en plus de vestiges de civilisations anciennes et confirment que l’Amazonie était très peuplée avant l’arrivée des Européens au 16e siècle. Ces traces du passé montrent à quel point les premiers peuples d’Amazonie ont intensément modifié leur environnement.

Amazonies est née d’une collaboration du musée des Confluences avec des représentants des peuples ashaninka, mebêngôkre (kayapo), wayana et apalaï d’Amazonie brésilienne. Ce partenariat a donné lieu, d’un commun accord, à la constitution d’une collection documentée de plus de 500 objets – dont 220 sont présentés dans l’exposition – mais aussi de photographies et de vidéos. Par la déambulation au coeur des villages partenaires, l’exposition présente une vision contemporaine de l’Amazonie et de ses peuples, mêlant tradition et modernité et dont le rapport au monde pourrait être inspirant pour les sociétés occidentales.


L’exposition présente plus de 250 objets, dont 220 sont issus des collections documentées sur le terrain. Les missions de terrain au Brésil ont été réalisées avec l’accord et la collaboration des habitants des différents villages et de la FUNAI, fondation nationale des peuples indigènes.

L’exposition débute par la projection panoramique d’une image aérienne de la forêt amazonienne, perçue comme impénétrable, puis le visiteur découvre des vestiges d’une occupation humaine ancestrale de la forêt. Le parcours se poursuit le long du fleuve Amazone à la rencontre des partenaires du musée : les Mebêngôkre (Kayapo), les Wayana et Apalaï et les Ashaninka. L’ambiance scénographique des trois villages, au coeur de l’exposition, s’inspire de l’architecture vernaculaire et se traduit dans le design des vitrines, le choix des couleurs et des matériaux.


Une forêt habitée

Contrairement au préjugé commun, la plus grande forêt tropicale humide du monde a bien été profondément transformée par les peuples amazoniens. Par leurs activités et leurs connaissances, ils ont contribué, au cours du temps, à façonner le paysage. Ils ont commencé à sélectionner des espèces végétales il y a plus de 13 000 ans, sans altérer le fonctionnement des écosystèmes forestiers et en améliorant la fertilité des sols.

Le réseau fluvial de l’Amazonie est le plus étendu au monde. L’eau et l’humidité abondante, alliées à la chaleur, créent des conditions idéales pour le développement de la biodiversité. Près de 20 % de l’eau douce de la planète coule en Amazonie, qui joue pour cela un rôle important dans les équilibres climatiques mondiaux. Les peuples amazoniens entretiennent des relations fortes avec les rivières qui sont des voies de communication et offrent de multiples ressources. Certains trouvent même leurs récits d’origine dans l’eau.

Malgré son gigantisme, l’Amazone est pourtant menacée. La déforestation, la pollution, les barrages hydroélectriques ou encore les effets du changement climatique entraînent des conséquences dévastatrices sur l’écosystème du fleuve et sur les populations qui en dépendent.

Loin d’être isolés dans l’espace et le temps, les 305 peuples autochtones du Brésil se distinguent par leurs langues, leur organisation et l’histoire de leurs échanges. Leurs territoires couvrent environ 23 % de la superficie de l’Amazonie brésilienne et les langues autochtones parlées sont au nombre de 175. Par leurs manières singulières d’habiter la forêt, ils nous invitent à repenser les liens entre les êtres et à questionner les visions qui opposent nature et société. Partir à la rencontre des Mebêngôkre (Terre indigène kayapo), des Wayana et Apalaï (Terre indigène du Paru d’Este) et des Ashaninka (Terre indigène Kampa de la rivière Amônia), en cheminant dans leur village, c’est découvrir leur territoire, leurs savoir-faire, les récits fondateurs de leur identité et leurs luttes actuelles.


Les Mebêngôkre, aussi connus sous le nom de Kayapo, regroupent plus de 11 000 personnes. Ils habitent des terres indigènes formant l’une des plus grandes aires protégées au monde. En tant que guerriers, ils ont résisté à la colonisation jusqu’au milieu du 20e siècle et sont reconnus aujourd’hui pour leur activisme politique. Constitutif de leur identité, leur territoire est une mosaïque de vastes forêts et savanes. Ce sont d’excellents agriculteurs. Ils cultivent des espaces empruntés temporairement à la forêt : une fois certains grands arbres abattus, les parcelles sont débroussaillées puis soumises à un brûlis contrôlé. Fertilisées par les cendres et cultivées plusieurs années, ces terres redeviennent ensuite forêt. Cette agriculture démontre une fine connaissance des processus écologiques de régénération forestière et des cycles des plantes.


Les Wayana et Apalaï vivent ensemble tout en gardant leurs spécificités culturelles et linguistiques. La grande majorité des Apalaï se trouve sur le territoire brésilien, à la différence des Wayana qui vivent aussi en Guyane française et au Surinam. Au Brésil, les 28 villages wayana et apalaï se déploient le long de la rivière Paru d’Este, sur les Terres indigènes du Tumuc-Humac et du Paru d’Este. Les villages wayana et apalaï sont toujours situés aux abords d’un cours d’eau, accessibles principalement par pirogue.

L’emplacement des terres cultivées à proximité du village est choisi en fonction de la qualité du sol et du risque d’inondation, de la présence de parasites et d’animaux. Les femmes wayana et apalaï y produisent une grande diversité de plantes, comme les bananes, les piments, le maïs, les ignames, les patates douces, la canne à sucre et les fèves. La base de leur agriculture est cependant le manioc amer, plante toxique qui doit subir une série de transformations pour devenir comestible. C’est dans la forêt que sont prélevés les aroumans, espèces botaniques essentielles à la conception de la vannerie. Les Wayana et Apalaï se distinguent par la maîtrise des techniques de tressage permettant la création de formes et de motifs complexes. La vannerie fait référence au dieu Kuyuli, qui employa le tressage pour créer l’humanité.

Les Ashaninka sont le plus grand peuple d’Amazonie du Pérou. Ils vivent également au Brésil, au bord de la rivière Amônia, dans l’État de l’Acre, à la frontière du Pérou où ils sont très actifs depuis plus d’une décennie dans la lutte contre les exploitants forestiers illégaux. Ils obtiennent la démarcation de leur territoire en 1992. Leur plan de gestion des ressources naturelles est devenu un modèle de développement et une référence nationale et internationale en matière de préservation de la forêt.

La rivière Amônia est la seule voie d’accès navigable à la terre ashaninka. À la saison sèche, entre avril et septembre, elle est basse et des plages se forment. Les Ashaninka s’y installent plusieurs jours ou plusieurs semaines en famille et séjournent dans des abris temporaires couverts de feuilles de palmier, les pãkoshi. C’est un temps privilégié pour la transmission aux enfants des savoirs et savoir-faire. Le quotidien s’y déroule autour d’activités comme la pêche, la chasse, la cueillette et les longues marches.

Les Ashaninka distinguent deux principaux types de forêts : la pleine forêt et la forêt secondaire. La première, éloignée du village, fournit à la fois le bois pour la construction des pirogues, mais aussi les écorces pour les teintures et la liane d’ayahuasca. La forêt secondaire est une zone intermédiaire entre les terres cultivées et la pleine forêt. C’est là que poussent les arbres fruitiers, les lianes, les palmiers, les bambous et les plantes médicinales.

Pothôtsi est le nom ashaninka donné au roucou dont les pigments rouges sont utilisés pour les peintures faciales. En ajoutant de la cendre au roucou, on obtient une version noire de cette peinture. Les Ashaninka se peignent le visage au quotidien et lors des fêtes. Les femmes emploient ces peintures pour exprimer leur état intérieur, leurs sentiments.

La Constitution fédérale brésilienne de 1988 reconnaît les droits ancestraux des peuples autochtones sur leurs terres. Or, ces territoires continuent à faire l’objet d’invasions et de pressions environnementales extérieures. Les peuples autochtones d’aujourd’hui, comme leurs ancêtres, s’approprient et élaborent de nouveaux outils et langages pour défendre leurs droits et valoriser leurs identités. Utiliser les réseaux sociaux, produire un film documentaire, se former à l’université, mais aussi organiser une compétition sportive interethnique, leur permettent d’étendre leur visibilité bien au- delà de leurs territoires. L’enjeu est fondamental car, malgré ces mobilisations, la jeunesse autochtone doit faire face aux injustices, au racisme, souvent à l’alcoolisme et à la question du suicide.


Les sociétés amérindiennes contemporaines sont vivantes et dynamiques, mais aussi fragiles et objets de constantes menaces. Dans le va-et-vient entre le village et la ville, la transmission des savoirs entre générations est parfois fragilisée, et les connaissances détenues par les anciens tendent à disparaître. De nombreux peuples autochtones se tournent aujourd’hui vers les musées qui conservent des collections d’objets disparus de leur culture matérielle. Les partenaires amérindiens demandent, ici, au musée des Confluences de réaffirmer son rôle : garantir la conservation des collections matérielles et immatérielles et les rendre accessibles pour les générations des peuples autochtones à venir.  Ainsi, l’institution muséale pourrait devenir un lieu de partage et d’échange de savoirs, ouvert à d’autres manières de vivre dans un monde que nous partageons tous.


Exposition organisée dans le cadre de la saison croisée Brésil-France 2025.




Amazonies
Musée des Confluences, Lyon, 18 avril 2025 au 08 février 2026












 







 




 

 












Exposition du 18 avril 2025 au 08 février 2026. Musée des Confluences, 86 quai Perrache – 69002 Lyon. Ouverture du mardi au dimanche 10 10h30 à 18h30. Nocturne jusqu'à 22h le 1er jeudi du mois.
































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