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Joël Auxenfans, Les Haies, « une question de faire », prémonitions

Les Tanneries Centre d’art d’Amilly, du 08 octobre au 04 décembre 2022

Communiqué de presse

Dans l’ensemble des propositions faites par les Tanneries (à travers leurs expositions ou via le Parc de sculptures) pour donner à voir et esquisser un paysage de la création contemporaine s’affirmant dans une prise en compte du geste plastique à l’orée des espaces naturels, Joël Auxenfans vient apporter sa touche. Son projet des Haies, initié en 2018, l’amène concrètement à aller « sur le motif ».

Joël Auxenfans parcourt pour cela les campagnes, du Perche en Normandie, de La Nouvelle Aquitaine au Gâtinais tout proche, comme le philosophe se sert de sa déambulation pour construire – mais aussi mettre à l’épreuve - son propos dans le champ de la philosophie. Quitte à « sauter quelques haies » pour mieux croiser le cheminement d’Épicure. Il nous fait ici l’invitation à parcourir pour mieux discourir sous une tonnelle porteuse de textes : ceux d’une juriste, d’une philosophe et d’un artiste. Chacune et chacun sont attachés à parler de cette forme d’horizon que sont les haies bocagères.

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Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent

En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.

Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-Paul de Vence. Tél. : +33 (0)4 93 32 81 63. Ouverture tous les jours de 10h à 18h.

Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.

Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-Sartoux. Tél. : +33 (0)4 93 75 71 50. Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h.

À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.

Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…

L’ensemble se veut et se fait programme : dès que se dessinent les premiers traits, se forme déjà la trame où se construit l’entremêlement des pensées et des formes racontées, dans l’histoire de ces frontières géographiques autant que sémantiques, mais aussi l’expérience de leurs limites : à bien considérer les haies, entre construction (initiée dès le Moyen Age) et effacement (engagé seulement au lendemain des 30 Glorieuses), se fait jour l’étendue d’une prospective pour Joël Auxenfans.

Dans la mobilité des notions, le glissement de champ à champ s’enrichit, d’abord parce qu’il s’agit de « culture » : qu’elle soit agricole, liée à la terre ou considérée sous l’angle de la fructification des connaissances, par-delà l’état de nature, combien de pratiques partagées, dans une « sorte d’équilibre entre la poussée végétale et les besoins humains » nous dit l’artiste.

Joël Auxenfans crée des Haies, répondant en cela à l’un des objectifs de développement durable liés aux « engagements 2030 » pour le climat et s’engage dans une démarche artistique oeuvrant à lutter comme l’érosion des sols. Ces haies composites se font elles-mêmes paysage d’une diversité végétale, d’un besoin de diversité salutaire, seul gage de renouvellement des conditions du vivant pour le futur.

Ces haies émergent donc en divers lieux et bientôt trouveront une nouvelle expression, dès l’automne 2022 et au cours du printemps qui suivra sur le territoire du montargois et plus précisément sur celui communal d’Amilly puisque Jöel Auxenfans est lauréat pour un aménagement paysager lié au développement du Lycée agricole Le Chesnoy ; une action inscrite dans la politique de soutien à la création dans le cadre du dispositif de 1% artistique, portée par la Région Centre-Val de Loire.

Note d’intention de l’artiste : Les Haies et Epicure, 24.8.2022

Présenter côte à côte dans une exposition d’art contemporain d’une part une installation et d’autre part une tête modelée d’après l’antique peut paraître anachronique ou incohérent. D’un côté la mise à distance par des moyens numériques et par une construction démontable en bois/aluminium/bâches PVC dont la fabrication est déléguée à des prestataires professionnels, de l’autre un regard subjectif sur un patrimoine culturel, une réalisation à la main et à l’outil à l’atelier, une formalisation figurative classique, des matériaux ancestraux, quasi archéologiques...

Ce télescopage formel et temporel n’est pas seulement là pour appuyer l’idée d’une continuité entre des moments différents d’une oeuvre qui s’étend sur trente ans. Le titre proposé Une question de faire, prémonitions est pourtant bien là pour signifier par delà des métamorphoses cette vision constante. Pour autant réaliser deux mois et demi avant une exposition personnelle une ultime pièce visuellement en contradiction apparente avec les oeuvres qui la précède pointe davantage une fondation désignant ce qui fonde et contextualise pour moi un projet artistique aujourd’hui. Qu’on le veuille ou non, la création contemporaine repose AUSSI sur l’héritage des anciens, ce qui n’invalide pas les nécessités des ruptures successives des modernités et alors que cela n’oblige personne à s’y référer constamment. C’est seulement il me semble une forme de vérité à la fois évidente mais qui prend en ce moment précis une dimension nouvelle.

JAMAIS il n’a été question de la disparition massive des conditions du vivant, à part en pleine guerre froide nucléaire, menace qui n’est pas, loin s’en faut, écartée mais qui n’est qu’un avatar de la menace plus globale qui s’est formée ces dernières décennies. Je veux parler bien-sûr de crise climatique. Aussi dans l’augmentation des tensions à la fois physiques, psychiques, individuelles et collectives, locales et mondialisées qui se déploie au jour le jour, la réaction de beaucoup dont je fais partie consiste à tenter d’agir en hiérarchisant les priorités. Entre s’engager dans des combats politiques et ceux de transformations locales, entre des gestes quotidiens vertueux de recyclage et le besoin de se rassurer par des petits bonheurs volés au contexte de dépression générale, notre époque n’est sans rappeler celle d’Epicure.

Aussi est-ce, naïvement sans doute, sous l’égide d’Epicure que j’ai voulu placer cette exposition Les Haies. Pour le peu que j’en connaisse, sa philosophie était une réponse aux contraintes de son époque. En le montrant au dessus de nous nous regardant visiter ce lieu, je vois une forme modeste et désespérée de sculpture votive, une dédicace, une appropriation individuelle et une invitation à reconsidérer l’acte philosophique comme moyen de déjouer les modes et les aveuglements dans lesquels nous sommes pris selon une spirale de destruction généralisée. Ce n’est donc pas une facétie passéiste à laquelle je me prête dans un lieu de création contemporaine tel que Les Tanneries, mais une recommandation politique : celle consistant à inviter à la création d’une esthétique de sobriété dans le jardin planétaire, qu’il nous faut partout avec les gens d’aujourd’hui re-cultiver pour demain.

Précisions sur l’oeuvre

L’oeuvre Les Haies comporte trois parties : une haie fruitière en anneau, un panneau d’affichage (en petit au centre du schéma), une haie champêtre rectiligne.
A. La haie fruitière, de 25 m de diamètre, comportera 32 arbres fruitiers rustiques ne demandant pratiquement pas d’entretien (mirabelliers, pruniers, etc.) et 96 arbustes à fruits rustiques également (groseilliers, cassissiers).
B. Le panneau d’affichage, d’environ 100 x 240 x 12 cm, en bois mas sif, permettra une médiation de l’oeuvre sur ses deux faces. Le panneau est volontairement assez bas, il se place visuellement au niveau des plantations.
C. La haie champêtre rectiligne, longue de 50 mètres, comportera et 50 plants d’arbre de 5 essences différentes destinées à devenir hautes (arbres de hauts jets). Une sélection naturelle s’effectuera dans la durée entre des sujets qui prendront le dessus et d’autres qui, poussant moins haut, constitueront le « bourrage » de la haie.

Ces trois éléments sont liés les uns aux autres par le fait que la haie champêtre crée une perspective monumentale, protège du vent, abrite des auxilliaires (insectes, oiseaux, etc.), l’anneau de haie fruitière crée un enclos, un cycle, une déambulation, tout en produisant des fruits accessibles, savoureux et variés, enfin le panneau d’affichage inscrit une dimension architecturale et politique (agora), par sa fonction de médiation.

Argument :

Les Haies constituent un concept de plantation artistique jouant sur la biodiversité, le dessin dans l’espace et la durée dans le temps des saisons et décennies. Les haies fruitières et champêtres ont déjà été déjà activées en divers lieux, tels que par exemple :

A. à Piacé le radieux où elles figurent depuis 2021 dans le parcours permanent d’oeuvres, comme lors de la Quinzaine radieuse https://piaceleradieux.com/ .
B. à Saulx Les Chartreux à la Ferme du Pas de Côté, depuis 2021 avec l’association Animakt.
C. à Melle, avec le FRAC Poitou-Charente, à l’occasion de la 9ème Biennale d’Art Contemporain, 25 juin – 25 septembre 2022.

Pour le lycée agricole Le Chesnoy d’Amilly, je trouvais intéressant que le dispositif s’organise en ces trois entités : anneau de fruitiers, panneau d’affichage, Haie champêtre rectiligne. On veillera sur place à installer l’oeuvre en un lieu dans lequel elles puissent dialoguer entre elles de près ou de loin et rencontrer les publics.

Joël Auxenfans, Les Haies, "une question de faire", prémonitions / photo : Les Tanneries – CAC, Amilly, 2022 / courtesy de l'artiste

Aspects techniques :

Pour assurer un maximum de résilience à l’oeuvre plantée, les précautions suivantes devront être respectées :
Les plants d’arbres champêtres, d’arbres et arbustes fruitiers devront être choisis auprès de pépinières professionnelles (j’en connais un certain nombre), et être de jeunes plants : plants forestiers de deux ans environ pour les arbres champêtres, plants greffés, formés en scions ou quenouilles, de trois ans environ pour les arbres fruitiers.
Une fois le repérage et le transfert du dessin de la plantation sur le site, les fosses de plantation doivent être décompactés pour la haie champêtre, et être creusées largement et profondément (40 x 40 x 40 cm) pour la haie fruitière, pour ameublir la terre autour des racines en prévision du développement futur de la plante.
Chaque plant doit être accompagné d’un tuteur correspondant avec éventuellement deux tuteurs et un fourreau anti cervidé si le secteur est infesté, d’un mélange de terreau et terre à la plantation accompagné d’un pralinage (enrober les racines en les plongeant juste avant la plantation dans un mélange d’eau, de terre et de bouse de vache décomposée).
Enfin, sur un bande d’un mètre autour de tous les plants, on versera du broyat de bois déchiqueté en forte épaisseur (20-25 cm). C’est un excellent moyen de créer une microbiologie du sol riche favorisant le bon développement des racines et des plantes. C’est également un bon protecteur contre la sécheresse, même s’il est à prévoir de l’arrosage copieux (10 litres par pied) en cas de sécheresse, à raison au besoin de trois arrosages au minimum l’été.
Le panneau d’affichage ne recevra aucun traitement de surface (lasure ou autre) parce qu’il sera construit en bois massif de mélèze ou douglas, catégorie de bois résistante au pourrissement qui vieillit très bien en devenant d’aspect gris clair. Le dessin et la réalisation du panneau permettra un dispositif sain, aéré, en particulier au pied des poteaux, pour lesquels on déterminera si le sol exige des plots bétons et de la visserie métal galvanisée, ou si, en cas de sol drainant, enfoncer les pieds directement dans le sol en les calant par du granulat de pierres sera suffisant. L’affichage consistera en tirages numériques sur papier dos bleu de visuels créés par moi-même pour documenter Les Haies, qui seront affichés à la colle à papier peint, et renouvelés périodiquement (l’usure d’un tirage noir et blanc est lente, et presque sans altération de couleur).

Exposition du 08 octobre au 04 décembre 2022. Les Tanneries centre d’art contemporain, 234 rue des Ponts - 45200 Amillly. Tél.: +33 (0):2.38.85.28.50. Ouvert du mercredi au dimanche de 14h30 à 18h.

Entrée libre